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12 janvier 2015 1 12 /01 /janvier /2015 18:19

Lecteur, lectrice,

J'espère que tu vas bien.

Ca fait un bail qu'on ne s'est pas lus, toi et moi. J'ai été prise dans une faille espace-temps qui a pour nom "concours", et je n'en suis pas encore réellement sortie, alors désolée pour mon absence mais le retour à la normale est prévu pour bientôt.

Ces derniers jours, seulement, j'ai pensé à plein de choses. On a vécu plein de choses, toi et moi, ou en tous cas on les a apprises.

Et j'ai réfléchi. Beaucoup.

Je ne suis pas légitime pour faire une grande réflexion sur les évènements de ces derniers jours. Ces jours où le terrorisme a frappé Paris, les attentats les plus meutriers depuis les années 1960 et l'OAS, si j'ai bien suivi.

J'ai vu les réactions. Les rassemblements comme les attaques.

Alors j'ai encore réfléchi.

J'ai eu la sensation que je ne pouvais pas ne pas dire quelque chose. Même si en soi ma voix n'a pas tellement d'importance. Mes réflexions ne sont ni meilleures, ni plus fines, ni plus avisées que celles qu'on peut lire.

Mais ce sont les miennes.

Et comme elles sont très personnelles, je désactive les commentaires. C'est comme ça.

La deuxième chose que je me suis dite, c'est que je ne saurais pas faire drôle. Je ne sais pas rire sur du très grave. Certains le font avec grand talent, mais moi je ne sais pas faire. Alors plutôt que de mal faire drôle, je vais faire moins mal du sérieux.

La troisième chose que je me suis dite, c'est que c'était pas évident de faire du sérieux. Le pas sérieux, ça me permet d'être pas très profonde. Pas très intime. Mais là je vais devoir te parler de choses profondes et donc ça va toucher à qui je suis et ce en quoi je crois.

Alors voilà.

Le deal, c'est que tu lis si tu veux, quand tu veux. Si tu veux pas c'est OK. Je vais dire des trucs sérieux et je comprends que tu aies plus envie de rire. Ca, ce sera la prochaine fois.

On y va.

 

La première chose que je voudrais dire, c'est que tout ce que j'écris se fait avec une immense compassion pour les victimes, et leurs familles. Toutes les victimes du terrorisme. Où qu'elles se trouvent dans le monde. Car le terrorisme a tué en France, mais il tue ailleurs.

La deuxième chose, c'est que aucun Dieu ne mérite qu'on tue, qu'on pille, qu'on humilie, qu'on viole, qu'on séquestre, qu'on massacre pour lui.

Les dessins ne tuent personne. Le non respect du sacré par des caricatures n'a tué personne. Le terrorisme, si.

 

Voilà les prémisses.

 

Maintenant on y va.

 

J'ai vu fleurir ces derniers temps des pancartes, des photos de profil sur les réseaux sociaux, un certain nombre de slogans qui prononçaient ces mots. Je suis Charlie.

Je ne suis pas Charlie.

Je ne veux pas dire que les actes qui se sont passés sont cautionnables ou que je n'ai pas de compassion pour les victimes et leurs familles. Le meurtre est injustifiable. Inacceptable.

Mais je ne suis pas Charlie.

Parce que ce qui me pose problème dans ce slogan, c'est qu'à partir du moment où je dis que je suis Charlie, je dis qui ne l'est pas. Si nous sommes Charlie, alors ça veut dire que bouh, les vilains terroristes ils ne sont pas comme nous. Et puis aussi, si je suis Charlie, alors je ne suis pas les victimes du terrorisme dans ce qui reste de l'Irak, je ne suis pas les "victimes collatérales" de l'alliance occidentale en Afghanistan. Je ne suis que l'Occident qui se replie contre ce qui n'est pas nous et qui rejette le différent, le pas comme nous, terroriste par essence. Qui l'essentialise. Le terroriste n'est pas comme nous par essence. Par nature. Tu vois comme on peut aller loin comme ça ? Dans le tout aussi inaceptable ?

Et tu sais ce qui est le plus triste ? C'est que si, ils sont comme nous. Des êtres humains. C'est idiot, mais je pense depuis des jours que ces gens ont été des nouveaux-nés, et ensuite des enfants. Des enfants de quelqu'un. Je pense aux familles des victimes, mais aussi aux mères des terroristes. Qui qu'elles soient, elles ont elles aussi perdu un enfant. Criminel, des vraies ordures, mais leur enfant.

Alors oui. Ce serait simple de tracer une barrière entre nous, les Charlie vertueux et les autres, les méchants, les malades, les malfaisants. Mais il n'y en a pas. Qui te dit que dans d'autres circonstances, d'autres lieux, tu n'aurais pas fait pareil ? Pensé pareil ?

Mais quand même. Je suis Charlie. Pas dans le sens où j'aimerais, mais dans le sens où je me reconnais dans l'élan qui a traversé tout le monde. Mais je ne suis pas que ça.

 

Je ne suis pas pour la victimisation. Je pense que le terrorisme n'a pas que des racines sociétales et je ne m'y connais pas suffisamment en sociologie pour t'expliquer les racines sociales du terrorisme.

Mais quand même. Je ne pense pas que laisser une partie de sa jeunesse pourrir sur pied comme le fait la France depuis des années soit une solution pour une société plus intégrée.

Alors quand ton Tonton Rougeaud, tu sais, celui qui se lâche en fin de soirée en mode "quand même des pas comme nous on en a trop et que ya que Marine qui peut nous aider", rappelle-le-lui.

Rappelle lui aussi que le terrorisme n'est pas l'apanage d'une religion. Le terrorisme est l'apanage du terrorisme. Et toute idée, quand elle est corrompue, détournée, qu'elle devient un dogme de pureté idéalisée, qu'elle sert à tracer une frontière entre ce qui est bon et ce qui est impur, alors toute idée devenue idéologie est mauvaise. Que ce soit l'extrême gauche qui tue, séquestre, assassine comme avec la bande à Baader, ou que ce soit l'extrême droite quand elle s'amuse à faire exploser des gares ou qu'ils s'agit de toucher à l'aveugle au nom d'un précepte périmé sur l'Algérie française. Et que tout ça ça se passait dans la folle jeunesse de Tonton.

 

La troisième chose que je voudrais te dire, c'est que je n'ai pas peur. En tous cas pas du terrorisme. Aucun Dieu ne peut cautionner aucun massacre. Aucun Dieu ne le mérite. A partir du moment où le pas comme nous devient une légitimation pour humilier, tuer, violer, rabaisser, alors c'est que ce Dieu là n'existe pas.

Mais je n'ai pas peur.

Déjà parce que les statistiques sont pour moi. En tant que personne vintage encore jeune, j'ai plus de risques de mourir dans un accident de voiture que dans un attentat.

Ca ne m'empêche pas de prendre la voiture. Alors je ne vais pas m'empêcher de vivre.

Je ne veux pas être bravache. Juste te rappeler que la voiture que tu vas conduire est bien plus dangereuse que vivre.

Mais j'ai quand même peur. Ca paraît incohérent je sais. J'ai juste peur quand je lis "guerre contre le terrorisme", qu'on recommence comme aux Etats-Unis. Je ne pense pas que le Patriot Act ait forgé une société plus juste, plus égalitaire, plus aimante. Il a juste attenté gravement à nos libertés individuelles. Même ici, en Europe, dans cet îlot de paix. Parce que tu vois, on peut lire tes courriels si tu utilises Gmail par exemple. Dommage. Peut être que tes photos de vacances chez Mamie Jacqueline n'intéressent personne, d'accord? N'empêche, est-ce que tu as envie pour autant qu'on les regarde ?

 

Alors quoi ?

 

On fait quoi de tout ce bazar idéologique aussi foutraque que ta liste de courses quand tu vas à Carrouf ?

Ce que je voudrais te dire, lecteur, lectrice, c'est que peut être je suis une fumeuse de Bisounours invétérée qui se fait régulièrement des shoots d'arc-en-ciel, mais je crois qu'on ne pourra s'en sortir que par l'amour. Qu'en tendant la main. Y compris au plus horrible des horribles. Parce que sinon c'est que je ne suis pas cohérente.

C'est pas évident.

Moi même chaque jour je me dis que certaines personnes ne méritent pas que je leur tende la main. Et puis pourquoi elles ne m'écoutent pas, moi qui suis tellement géniale ?

Et puis l'autre jour j'ai écouté ça (clic)

Pour certaines raisons sur lesquelles je n'ai pas envie de m'étendre, ça m'a parlé. Beaucoup.

Alors voilà ma voie. Elle est difficile. Elle me demande beaucoup d'efforts. J'en suis loin. Mais je crois que ma voie est l'amour. Et que ce sera dur. Mais que cette voie est la seule qui vaille. Celle qui montrera que le fanatisme ne peut pas. Et que la stratégie de raidissement recherchée par le terrorisme est inopérant.

Je t'aime, lecteur, lectrice. C'est ce que je voulais te dire. Et que je vais m'y coller autant que je peux.

Voilà.

Merci si tu m'as lue jusqu'ici.

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