Lecteur, lectrice,
J'espère que tu vas bien, et que tu profites de l'été qui arrive pour profiter de ses joies : boire des verres en terrasse, porter des tenues bien moins complexes du point de vue logistique (souviens toi, l'été pour ça, c'est trop bien), manger des trucs grillés au barbecue, écouter les gens se plaindre de la chaleur, et tout et tout (personnellement je suis ignifugée donc j'aime avoir chaud et même avoir trop chaud. C'est la vie)
Bref, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes de l'été, je nagerais dans un grand bain glacé de pina colada en coulant des jours heureux du beau temps retrouvé, si l'été n'apportait pas avec lui les soirées d'été, et donc sa cohorte de problématiques telles que "comment s'occuper décemment quand le soleil ne se couche pas avant 22h30 ?" (je vis un peu dans l'Ouest en ce moment) et que des gens n'avaient pas l'idée saugrenue de vouloir faire des jeux de société. Avec moi.
Des. Jeux. De. Société. Avec moi.
Parce que c'est là que je dois te l'avouer, lectrice, lecteur. Je déteste les jeux de société (enfin presque tous), et j'estime que c'est environ la pire fraude de tous les temps du point de vue divertissement.
Je vais t'expliquer pourquoi. Tu vas peut-être vouloir me dire "hé mais mais mais... c'est faux c'est trop l'fun de jouer aux jeux de société !". C'est ton droit d'aimer cela et c'est très bien. Mais je suis pas toi. Comme je suis moi, je vais t'expliquer pourquoi il vaut mieux que tu ailles griller en enfer plutôt que de me proposer une partie de Mastermind.
1. Parce que les règles du jeu
La vie, tu t'en es peut être aperçu, est bourrée de règles et d'obligations en tous genres.
Non, "j'ai pas envie, j'ai la flemme et ma couette m'appelle", n'est pas une excuse valable pour ne pas aller au boulot.
Non, le maillot de bain n'est pas conforme à mon dress code professionnel.
Non, un mojito-fraise ne constitue pas un repas équilibré malgré la présence de menthe et de fraises. Et de citron aussi.
Non, il n'est pas possible de pourrir la vendeuse arrogante qui sous entend que mon 40 est une taille d'obèse jusqu'à la 38ème génration en lui lançant de la bave de crapaud au cafard dessus.
Non, passé 3 ans, il n'est pas très bien vu de peindre sur les murs avec les doigts (avant 3 ans non plus, mais il y a des circonstances atténuantes pour les délinquants juvéniles)
Alors tu vois, lecteur, lectrice, quand je rentre chez moi après une longue journée, ou que je suis en vacances et que donc le quota de règles de vie est un peu allégé (mais pas totalement), je n'ai aucune envie de me fader des règles du jeu. Je ne vois pas où est vraiment le fun si je dois respecter le paragraphe 8, alinéa 23 de la règle du jeu qui me dit que là ben je dois passer mon tour sur 36 tours parce que j'ai fait vert et orange avec le dé et qu'on est le 2ème samedi du mois et qu'il y a un chaton dans le jardin.
J'ai juste envie en fait que tu me foutes la paix avec tes règles, parce que là, je peux pas, je dois aller me rouler dans l'herbe, c'est plus rigolo.
2. Parce que les mauvais joueurs
On va pas se mentir, lecteur, lectrice, j'aime bien gagner. Mais si j'aime bien gagner, je ne suis pas une mauvaise joueuse pour autant. Je m'en moque un peu.
Et donc, c'est toujours avec un grand ahurissement que j'observe mes congénères se disputer parce que Bidule a avancé de 2 cases au lieu de 1 parce que en fait selon la règle article 34 paragraphe Licorne, comme il a fait du poney au moins une fois dans sa vie, il a pas le droit (voir plus haut)
Ou toi, là, tu sais, tu es en train de tricher pour gagner. Je t'ai bien vu ramasser les jetons pour les mettre dans ton slip.
3. Parce que l'ennui.
Non, je ne vois pas où est l'amusement à lancer un dé et faire avancer des petits chevaux.
Aucune personne normalement constituée ne le voit. Si tu le vois, c'est que tu n'es pas encore assez vintage pour être fréquentable. Donc que tu ne peux pas faire partie de ma vie.
Voilà.
4. Parce que le temps
Je sais pas toi, mais parfois je me laisse prendre aux suppliques "mais ça prendra que 15 minutes maximum".
Dans ces cas là, je consens parfois à abandonner mon activité de roulage dans l'herbe et de faire un Monopoly, aussi connu comme "le jeu de l'enfer parce qu'il est interminable" et "le jeu que tu fais jamais avec ton sosie de Ioug Djackmann sous peine de voir la véritable nature de ta moitié, à savoir un mec impitoyble qui fera tout pour te ruiner et te mettre en slip rue de la Paix"
Au final, 3h00 plus tard, je réalise que la faille spatio-temporelle des jeux de société a englouti toutes ces heures de ma vie à essayer de ne pas aller en prison sans passer par la case départ.
Alors que j'aurais pu aller faire de la licorne à la place.
Voilà, tu sais tout, lecteur, lectrice. Tu es maintenant en capacité d'éviter de me proposer un jeu la prochaine fois que tu me vois. Mais bon, tu as le droit de me proposer d'aller faire du poney, je serai partante.
Et toi, lecteur, lectrice, tu aimes les jeux de société ?